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Naili a le verbe haut ! Et c’est peu dire de ce jeune rappeur né en l’an de grâce mille neuf cent soixante seize à Dunkerque ! Issu de la grande (et parfois tragique) histoire de l’immigration.
il grandit à l’ombre des complexes sidérurgiques qui emploient, comme son daron, la majorité des masses laborieuses du littoral dunkerquois. Jusque là rien qui inspire la musique si ce n’est les bruits de l’usine qui la nuit, me dit il, sonnaient comme un monstre de métal insatiable ! Le rap de ses grand frères lui montrera la route et l’un d’eux, qui s’était aventuré jusqu’aux Amériques, lui lèguera quelques cassettes enregistrées au Roxy dans les nnées 80 (Ô suprême satisfaction !)
Grand Master flash, Double trouble, Puplic Enemy Benny-B (nan j’déconne) puis tout le délire smurf avec achipéééé achopééééé !" finira par le convertir à la grande Zulu nation.
La grande révélation se fera avec le fameux retour au bled ! Enfin si on peut parler de retour puisqu’il s’agit plus d’une découverte ! Les hauts plateaux algériens et le clan des Nails (Djelfa en Algérie), l’orient quoi ! Cela dit rien qui rappelle L.A. ou New York ! Mais par contre une richesse musicale du terroir qui a tôt fait de l’embarquer. Naili étudiera l’arabe et saisira rapidement le rapport entre les qasida (chants racontant les épopées et à vocation métaphoriques) et le rap dans sa fonction revendicative originelle ! Ouais rien que ça.
Enfin s’inspirant de ces métissages il décidera de rapper dans cette langue riche en métaphores et produira tout seul (comme un grand ! un album familial quoi !) son premier album intitulé « Destin ou malédiction ? » dans une Algérie en proie à la guerre civile et en pleine métamorphose ! Un album noir comme les yeux des mères qui pleurent leurs enfants…
L’année 2004 voit arriver son nouvel album « Le peuple orphelin ». Une maturité issue d’un travail de deux années durant lesquelles Naili multipliera les rencontres qui viendront enrichir la dernière mouture de l’album .Pour ne citer qu’eux pour leur présence sur l’album : Les Dupain , Lumière noires , Ekinox ,M’Barka,Samirtoukour et Laurence Giorgi du groupe Evasion . Des rencontres qui marquent l’album d’une plus grande diversité sur les horizons musicaux explorés par Naili, qui reprend dans les flots de ses mots ,son rôle d’observateur de la réalité algérienne; miroir du contexte planétaire ou l’homme est devenu un prédateur pour ses pairs.Un album ou l’occitan côtoie allègrement l’arabe et le français rappelant à nos forts intérieurs que l’homo sapiens ne connaît pas de frontières quand il chante !
Des titres qui fustigent l’incurie de certains Ubu moyens- orientaux (la colère des rebelles) ou qui nous rappelle le problème des disparus algériens victimes de la guerre civile algérienne (l’absent) côtoient des sujets plus légers dans le genre « egotrip » (Jarjara , Fils du désert) le tout parfumé de l’humour cynique de titres comme « L’amour est mort » ou encore « Vote pour moi ». Un album qui reste dans la droite lignée d’une profession de foi prononcée dans le premier album même si Naili laisse place à plus de sérénité dans sa hargne à dénoncer l’imposture .
Coté technique ; le mastering de l’album effectuée à New York au mythique studio « Masterdisk » par mister Dave Kutch (ingénieur de référence qui à déjà sévit pour le compte de gens comme Outkast , Notorious Big ,Missy Elliot , Jay-z , Mary J Blige , Whitney Houston ou encore Lauryn Hill ; excusez du peu !) ; à la production un excellent travail de Diez qui s’envole sur ses samplers en explorant des ambiances d’une grande variété ,les platines de Dj Mourad, la vielle des Dupain et la guitare de Marcello Vitale (L’orgie quoi !) viennent conforter la solidité de l’ensemble .
